Dernièrement, je me suis retrouvée aux prises avec cette énigme qu'est le sens de la vie. J'ai l'impression d'avoir été bernée. J'ai eu une éducation plutôt conventionnelle qui ne m'a pas préparée au monde d'aujourd'hui. Je suppose que c'est la même vérité pour beaucoup de gens qui luttent avec le sens, l'identité et le but. Ils l'appellent la vie. Une aventure indescriptible, paraît-il. Un vaste océan rempli de possibilités, scintillant de la promesse du bonheur. Moi, personne plutôt "classique", j'ai cru à ce fantasme. Je ne savais pas que le voyage serait si bruyant, jalonné de hauts et de bas, certains moments donnant même l'impression d'étouffer.
L'accroche est arrivée en premier, tel un poisson, j'ai aperçu une promesse scintillante d'aventure et de découvertes audacieuses. Tout luisait de la promesse d'aventure, d'amour, de découvertes et d'épanouissement. Je me suis penchée en avant, les bras grands ouverts, pour embrasser ce qui m'attendait. J'entrais dans un processus de développement personnel et de découverte de moi-même.
Le temps s'écoule avec une lenteur lancinante. La ligne autrefois vibrante s'est ternie, figée dans la rigidité. La jeunesse s'est effeuillée sous mes yeux, les responsabilités et les attentes m'entraînant vers le bas tel un ancre. À chaque épreuve affrontée, la solitude s'est transformée en l'eau sombre que je contemplais. L'enthousiasme initial de la vie s'est estompé au fil des saisons. Est-ce ainsi que nous traversons tous cette chose appelée vie, isolés, seuls, et portant le poids du monde sur nos épaules ?
Au fil des années, je prends conscience, de plus en plus, que nous sommes, à l'image des poissons, voués à ne jamais connaître une véritable liberté. Nous ne sommes destinés qu'au filet, à la récolte inévitable. Condamnés à attendre le couperet final. Je me suis débattu contre la ligne, à la recherche d'un moyen désespéré de m'échapper. Mais elle a tenu bon, ignorant qu'à l'autre extrémité se trouve le pêcheur qui attend sa prise. Épuisé et lourdement chargé, j'ai sombré, un poids de plomb m'entraînant vers l'abîme trouble.
Arrivé au fond, là où règne un calme désespéré, une surprise vous attend. C'est dans cette immobilité que la beauté se dévoile. On y découvre alors la résilience d'une vie foisonnante qui subsiste en dessous. Une camaraderie silencieuse. Ce n'était pas l'existence que j'avais envisagée, mais la vie, après tout, prend des formes insoupçonnées. Elle s'accompagne d'un nouvel ensemble de défis et, peut-être, d'opportunités.
Je continue à surfer sur les marées houleuses de la vie, essayant d'embrasser avec une ouverture égale les moments fastes, neutres et difficiles. J'apprends à savourer les moments de plénitude et d'exubérance, à me délecter de la douceur du progrès comme d'un triomphe durement acquis.
Propulsé dans l'inconnu, tel un filin encore immergé, je lance ma ligne avec un optimisme renouvelé. J'ai foi que les eaux me ramèneront toujours vers ce chez-moi, un lieu d'amour et d'acceptation inconditionnelle, où l'on est choisi et où l'on peut choisir à son tour. J'ai compris que la vie ne se résume pas à de grandes aventures, mais à la découverte de la beauté dans l'imprévu. Cette beauté se révèle chaque jour, dans le miroir, dans notre environnement et, plus encore, en nous-mêmes.